Un bilan de mon passage à GNU/Linux.

3 ans déjà que j’ai décidé de franchir la barrière.
À ce moment là je me disais que j’allais surement transpirer pendant quelques temps. Mais à vrai dire c’est un peu ce que je recherchais. Et j’ai pas forcément tant transpiré que ça…

À force de bidouiller mes différentes versions de Windows, à trop installer de programmes tiers dans tous les sens, je me faisais ma ré-installation tous les 6 mois et, un peu maso que je suis, j’en venais presque à aimer ça. Une installation de windows, complète (système, driver, programmes…) c’est pas très compliqué mais on à l’impression de mettre les mains dans le cambouis (alors que pas du tout en fait, je l’ai bien compris par la suite…), puis plus on fouine plus on se rend compte que la bidouillabilité même du système s’arrête à l’ajout sans limite de programmes plus ou moins lourd, de sources plus ou moins sures. Et cet ajout perpétuel de programmes conduit indéfiniment à l’étape 1, ré-installation du système, pour cause de surcharge système pour un oui ou pour un non, des petits spywares par-ci par là, des processus en cours dont on n’a pas la moindre information et dont on ne connait même pas l’utilité. (oui je l’avoue j’ai plusieurs fois joué à la roulette russe en tuant les processus svchost.exe, 1 par 1, dans le gestionnaire de tâche)

En parallèle à cette période suicidaire que je traversais avec mes svchost, je commençais de plus en plus à rechercher des programmes légers, pour mon utilisation quotidienne, des petits trucs qui me simplifieraient mon informatique au quotidien. Des logiciels qui seraient adaptés à mon utilisation, qui ne feraient qu’une chose, mais bien. Je ne voulais pas des logiciels tout en un comme l’a monstrueusement fait Realnetwork un peu avant ce moment là. Et bien souvent je retombais sur des logiciels appelés freeware puis ensuite open-source voire libre, VLC par exemple.  Poussé par la curiosité, il fallait que je définisse la différence entre les deux. C’est ce qui m’a amené jusqu’à Richard Stallman, toute la philosophie tout ça tout ça… Puis passage du côté de Linus T., du planet libre et des blogeurs français associés, tellement je suis curieux, tellement y’a pleins de choses à lire… :D

C’est décidé à ce moment-là, je me dois de faire un effort. Il m’a fallu quelques temps pour m’approcher réellement d’une distribution. Avec des essais très peu concluants auparavant sur des systèmes GNU/Linux (Mandrake 10.1, SuseLinux9, Debian Sarge), une connaissance trop faible du fonctionnement GNU/Linux, c’était pour moi un milieu un peu trop ésotérique pour que j’y mette les pieds. Mais j’ai dit qu’il fallait faire un effort, tout en essayant de faire un apprentissage simple, et surtout motivant.
Dans ma recherche de distribution je retombe sur des connaissances, dans des versions plus récentes, mais le fait d’avoir sué et abandonné à une certaine époque me pousse directement à attaquer une distribution que je ne connais pas. Je tombe donc en tête de liste sur Ubuntu (bizarrement diront certains).
Aucun engagement à ce moment là, je dois trouver une distribution qui me convient donc autant commencer par ce que je ne connais pas. L’aventure c’est l’aventure. Marchera, marchera pas, peu importe, si il faut je les testerai toutes (oui j’avais pas vu la quantité à l’époque…)

L’aventure a commencé de la meilleure façon qui soit pour faire bonne presse à Ubuntu ou Gnu/linux dans son ensemble. Galette gravée, système installé en 30 minutes à peine et le bureau était opérationnel. C’était là ma première surprise, niveau bidouillage de première installation j’avais rien à faire…. tout était prêt. Je me suis véritablement retrouvé comme un con devant mon ordinateur, je ne savais pas quoi faire de plus que commencer à l’utiliser. Je me suis même vu frapper chez Google pour savoir que faire après une installation. Je me suis retrouvé forcément sur la doc d’ubuntu-fr, à suivre des tutos pour occupper le temps de la première prise en main.

Ces tutos te font voyager de pages en pages sur la doc, et tu te rend compte du travail de titan des contributeurs, mais aussi du travail de titan que t’as à faire pour bien maîtriser ton système. Mais ça me confirme une chose, niveau bidouillabilité, y’a de quoi faire, et question programmes disponibles je devrai trouver mon compte.
Alors à en croire certains sites ou certains commentaires ci et là, concernant GNU/Linux et le matériel supporté, je dois être parmi les plus chanceux car je n’ai jamais rencontré le moindre soucis avec mon matériel quand à sa reconnaissance et son fonctionnement (et ce n’est pas du vieux matos ;) je le change régulièrement ),. Du moins dans la tour car j’ai toujours un scanner Canon 5000F que je n’ai définitivement pas réussi à faire marcher (et je crois que ce sera un materiel non supporté vu son grand âge et le peu d’utilisateurs qu’il doit y avoir dans le monde.) Et comptez pas sur moi pour faire un driver ou tout autre chose toute bizarre pour le faire fonctionner, j’utilise GNU/Linux mais c’est pas pour ça que je suis un gourou.

Passer de Windows à GNU/Linux c’est vraiment pas simple. Certes tout est prêt à l’emploi ou presque, j’ai passé pas mal de temps à bien comprendre l’histoire à propos de flash, de la lecture DVD, mais le plus troublant c’est vraiment le système de paquet qui compose les programmes. Pour faire court un programme est composé de paquets qui peuvent aussi être utiles à d’autres programmes. Ça créé les dépendances. Alors ça, paquet et dépendances, ça revient en boucle, tout le temps. Troublant mais quand on a compris le principe, il n’y a aucune raison de paniquer. Il y’a tous les outils pour gérer ça et ça se fait de manière intuitive concernant les dépendances. Pour un novice le problème peut vite se poser quand on doit attaquer l’ajout de sources. Alors les sources de logiciels c’est bien, mais je me met à la place de quelqu’un un peu frileux (…ou qui ne sait pas lire une documentation ou une page man…RTFM!!..), c’est pas facile de comprendre le fonctionnement. Entre ceux qui vous font faire les manipulations par la console et ceux qui préconisent l’interface graphique, je pense qu’il est tout à fait possible de s’emmêler les pinceaux et de considérer les choses comme beaucoup plus difficiles qu’elles ne le sont. Bien que l’ajout de source peut être plus dangereux pour la sécurité qu’il en a l’air, j’attends de voir un système plus simple un peu à la façon des liens apt:// pourquoi pas. Mais ça mérite réflexion quand même…
L’installation de programmes c’est vraiment troublant, au début. Apple n’a rien inventé avec son store pour les applis Iphone. Le gestionnaire de paquet c’est exactement la même chose, décliné dans la logithèque Ubuntu, retrouver une application devient un réel bonheur.
Puis petit à petit on se rend compte que ce que l’on imagine comme un programme peut en fait être un simple script, un petit bout de code dans un fichier texte, là ça devient bluffant! Un script ça peut se loger dans le clic droit, il est tout à fait possible de convertir des fichiers, trier, renommer, assembler en pdf des fichiers, en un simple clic sur le-dit fichier…. quand les choses deviennent aussi facile on se sent beaucoup moins esclaves des programmes et donc de son système. On comprend alors que tout est possible, ou presque, ça fait toujours pas le café.
L’installation classique des programmes est très simple, mais lorsqu’il s’agit de compiler c’est un calvaire pour un débutant. Il est quand même un point positif on peut faire sans, mais les plus exigeants y viendront forcément. Mais quand on en arrive là on sait où l’on est, donc le novice, à moins d’être un peu aventurier ne se retrouvera jamais confronté à cela, sur Ubuntu en tout cas. C’est une partie de GNU/Linux qui fait peur je penses mais on a tendance à oublier qu’il n’y a que les passionnés qui s’y attelle. Ma femme utilise Ubuntu depuis trois ans aussi, du coup, et je ne l’ai jamais entendue me dire qu’elle avait besoin d’aide pour installer à la main son programme.
On peut pousser bien plus loin que les programmes, pour l’exemple n’ayant pas de bluetooth sur ma tour il m’a été assez facile de retirer tout ce qui concerne le bluetooth, en désactivant tous les services et paquets inutiles pour mon sytème.

Le point le plus fort pour moi et le plus radical c’est que mon système est installé depuis trois ans. Oui trois ans sans formatage. Mise à jour de versions comprises! Et bien une seule fois il m’est arrivé de ne pas pouvoir démarrer après une mise a jour. Mais là encore un tour sur la doc, un problème sur X réglé et redémarrage. Rien de plus. Ça tourne, sans cesse… que demandé de plus? Pourtant j’ai pris mes habitudes, j’ai retrouvé mes vieilles envies de tester tout et n’importe quoi, j’installe, je désinstalle. Mais trois ans et pas de faiblesse. Ah si! une autre! j’ai déjà planté grub plusieurs fois en testant grub-gfx ou plus récemment Burg, mais à chaque fois le problème est corrigé rapidement. Et encore plus fort, en ayant changé de carte mère puis plus tard de processeur, je n’ai pas eu besoin de réinstaller. J’ai déjà tenté sous Windows ça marche pas…faut réinstaller. Enfin c’est mon expérience! Et si j’ai des soucis, quand on regarde les choses c’est moi qui me les fabrique.

Quand on commence un peu à attaquer la bidouille sur son système, on se retrouve vite en manque de quelques petites choses inutiles ou pas. Mais rien n’est impossible puisqu’à chaque question on trouve sa réponse. Toujours avec la doc en ligne ou page man. Et ça m’a fait penser à un truc: jamais on a accès à une documentation pour windows. J’entends une vrai documentation, hiérarchisée, classée, certifiée… il y’a des tonnes de tutos pour Windows, partout, mais on est obligé de faire ses recherches sur des tonnes de sites, qui ne donnent pas tous la même version. On peut aussi acheter un bon vieux bouquin sur Windows c’est un choix. Mais dans la seule version de windows que j’ai acheté je me souviens pas que l’on m’ai donné un mode d’emploi ou un lien vers une documentation aussi claire que ça. Une documentation qui puisse te permettre de comprendre dans le détail ce qui se passe mais aussi te donner juste ce que tu as besoin et pas plus. Et bien sur ça ne s’arrête pas à la documentation d’ubuntu-fr, ayant fait mon petit tour sur d’autres distributions en machine virtuelle j’ai retrouvé cette documentation un peu partout. Et ça c’est, a mon avis, extrêmement motivant pour tenter des choses!

Alors je ne crache pas sur windows, pas de trolls, je suis toujours utilisateur, et oui! j’ai un défaut je suis joueur. Bien sur on peut jouer sous Gnu/Linux, avec wine par exemple, beaucoup de jeux sont supportés, il y’a aussi les jeux en natifs, et je suis sur que de plus en plus d’entreprises se pencheront sur le sujet dans les années à venir. Mais certains jeux ne passent pas, trop récents, trop gourmands, wine n’en veut pas, on peut se retrouver coincé, ça m’est arrivé. Du coup j’ai gardé une machine sous Windows, sans autres choses que des jeux, même pas de connexion internet permanente dessus, bref juste une borne d’arcade. Les jeux sont prévus pour Windows, je félicite le travail de l’équipe de Wine mais bien souvent les temps de réactions matériel/logiciel, fluidité ne sont pas des plus efficaces. Alors pour jouer à simcity ou des jeux qui ne nécessitent pas des réflexes de sur-homme pas de problèmes, mais pour le reste je ne ressens vraiment pas les contrôles de la même façon. Il y’a un petit truc qui fait perdre ses habitudes de contrôles.

En ce qui concerne ma contribution à tout ça je l’ai faite à mon échelle, je peux rien créer je ne sais pas faire, par contre je donne un retour sur mes utilisations, mes problèmes, j’aide aussi quand j’ai déjà croisé un problème et que je connais la solution. Il m’a fallu un an pour me sentir à l’aise et échanger avec la communauté. C’est tellement rempli de geek qu’on se sent un peu tout petit au début. J’ai quelques conversions à mon actif (presque une vingtaine), et ça va de l’utilisateur chevronné multimédia jusqu’à mes parents et quelques autres personnes à qui l’informatique fait plus que peur ;) . Certains ont adhéré à l’esprit du libre, d’autres ne voient que la gratuité ou ne se rendent compte de rien, c’est selon. Les retours sont diverses, mais sur la vingtaine je n’ai réellement que trois ou quatre personnes qui me contactent régulièrement parce qu’ils n’arrivent pas à comprendre quelque chose, je les renvoie bien souvent sur la doc… je l’ai déjà dit je suis pas un gourou. Des fois je lis la doc pour eux… C’est fou de pas savoir lire.
Ceux qui me « causent le plus de soucis » sont ceux qui ne voient que la gratuité. Ce sont aussi ceux qui me disent souvent « je veux msn-messenger et emule pas amsn et amule. ». Dur de faire comprendre que ce n’est pas Windows. J’arrive pour le moment à redresser la barre, mais je pense qu’il revireront de bord. Tous les ordis que je monte je les livre avec Ubuntu, ou toute autre distribution a base d’ubuntu (je ne maitrise pas assez les autres pour prendre des risques) ou rien. Mais vu que maintenant les PC monté sont livré sans CD Windows, il y’a bien souvent un problème et c’est tant mieux. (comment ça il y’a une partition de restauration je suis pas au courant moi!?) J’ai fait le choix de ne plus ré-installer des windows, je fais du dépannage et du montage pour mon plaisir et ça me fait pas forcément plaisir de les revoir 8 mois après parce qu’il faut encore ré-installer car il est vérolé jusqu’à la moelle. Par contre ça me fait plaisir de savoir que des gens utilisent du libre à 99.9% (flash en est la cause)

Alors attention je ne force pas les gens à basculer sous GNU/Linux. Je me renseigne avant, les joueurs je leur en touche deux mots éventuellement, mais ne jouant pas moi même sous GNU/Linux je vais pas leur cacher que certains jeux qu’ils ont l’habitude de jouer ne passeront pas sous Wine, mais il y’a le dual boot. Les musiciens, qui sont pas mal à m’entourer, je fait un travail au corps, mais ils sont tellement habitués à leur Protools et autres Reason qu’ il est difficile de leur faire admettre qu’on peut s’en sortir, même avec un noyau RT en plus! mais certains adhèrent. Des graphistes aussi j’en ai mais alors là c’est tout pour Apple, autant dire que je passe pour un Robin des bois avec eux. Mais ça c’est un débat qui me tiens a cœur et j’y viendrai dans un autre post. Par contre en ce qui concerne les utilisateurs « classiques », bureautique, multimédia, internet, là je fais mouche à chaque coup. Et eux ne me contactent que très rarement, bien souvent pour un simple problème concernant une perte d’habitude, c’est très productifs ce genre d’échange, ces gens là sont plus a rechercher une alternative, un équivalent. Faut pas que ce soit la même chose, il faut que ça est un résultat semblable. C’est la différence avec les gens qui sont dans le milieu de la musique ou du graphisme, qui ne sont absolument pas prêt à changer leurs habitudes de peur de perdre en productivité. C’est dommage. Il arrive quand même que certains me contactent pour des problèmes plus costauds, gravures qui échouent en permanence, vidéos flash illisibles, mais on s’y met et on trouve petit à petit des solutions. Ça peut être long, mais encore une fois il suffit bien souvent de savoir lire.

Trois ans avec les mains dans le cambouis c’est assez prenant, très intéressant pour peu qu’on aime voir des lignes de code et lire. Lire c’est la clé, c’est tout con quand même. Savoir lire et être intéressé ça permet de s’approcher un peu plus de son système, et de le comprendre. On peut se limiter à ce que l’on a besoin, comme on peut plonger au plus profond des fichiers.
Mais j’ai mis les mains dans le cambouis parce que j’aime apprendre, mais j’ai mes limites, en testant des distros en machine virtuelle j’ai redécouvert certains soucis qui m’avaient fait faire marche arrière quelques années auparavant. Mais j’abandonne pas, qui sait un jour je formaterai peut-être pour changer Ubuntu pour une Debian.
J’ai trouvé un réel intéressement à mon système avec ces trois années. Ce n’est plus vraiment une Ubuntu, c’est mon système, j’ai eu une base à l’installation, et en entrant le plus loin possible dans ce que j’avais la possibilité de faire, me voilà avec un système qui s’adapte peu a peu à ma machine et à moi-même. Quand on a goûté aux possibilités de réglage (j’ose appelé ça comme ça pour faire simple), on a du mal à faire marche arrière, tout comme on a du mal à se dire qu’on va formater pour tester autre chose, vu que ça marche. Et avec les possibilité qui nous sont offertes pour gérer son environnment, de son contenu à son contenant, on imagine bien le potentiel du système. Et j’imagine encore bien toutes ces soirées que je vais passer à lire des docs jusqu’à plus d’heure…..

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